• 14.

    Les hommes s'occupent toujours de l'entretien du bateau. Depuis que son matériel de localisation a été bousillé, Jean René refuse catégoriquement de s'occuper de la navigation. Il dit que laisser faire le vent est aussi efficace qu'il ne l'est désormais. Tenter de le convaincre du contraire ne m'a amenée qu'à m'embrouiller avec lui. 

    Aussi, puisqu'Odraz s'occupe désormais de la navigation, Jean René a pris la place de mon cousin au niveau des tâches ménagères, il nettoie, récure et même répare toute la journée. Odraz ne s'occupe plus que des repas, qu'il dit prendre plaisir à faire.

    Il est donc régulier qu'ils se voient avant les repas et discutent. 

    C'est dangereux de les laisser discuter et je ne m'en suis pas rendue compte avant aujourd'hui. 

    14.

    C'est ainsi que lorsque je suis descendu manger, je vis mon aimé charmé par les paroles pleines de désir de ma sœur. Je ne compris pas tout de suite ce qui se passait devant mes yeux. Moi qui faisait confiance à Jean René au point de lui confier ma vie me retrouvait déçue et n'arrivait plus dans cette confirguration à faire autre chose qu'à me tripoter avec stresse les cheveux. 

    14.

    Bien que je sois silencieuse, observant avec dégoût ma sœurs et mon fiancé flirtant, Odraz ne mit pas longtemps à se rendre compte de ma présence. Il me chuchote avec reproche: 

    - Ne les perturbe pas! 

    Je tremble de rage mais reste comme lui dans le murmure: 

    - Pourquoi Jean René et Azurie... 

    - Azurie doit tomber enceinte, c'est le seul moyen pour qu'elle ne meurt pas de sa maladie et tu le sais. 

    - Ca n'est qu'une légende urbaine! m'indignais je. 

    - C'est notre seule piste! 

    - Nos ressources commencent à s'épuiser, nous n'avons pas les moyens d'avoir un bébé en plus. 

    - Et bien si nous te jetons par dessus bord, nous aurons une portion pour le bébé. 

    Je suis horrifiée et fuis vers mon laboratoire. Comment peut il dire si facilement des choses aussi horribles ? 

    14.

    J'ai passé la soirée à pleurer, choquée par les propos d'Odraz. Celui vint plusieurs fois à la porte pour s'excuser, prétendant avoir parlé trop vite et être lui même horrifié de ses propos mais il n'est jamais resté assez longtemps pour s'expliquer. 

    14.

    Ce soir, je n'ai pas envie de chercher un remède à Azurie. Qu'elle fasse son bébé avec mon fiancé si ça la chante. J'ai essayé de les aider constamment depuis des jours et aujourd'hui ils me poignardent dans le dos..  

    A partir d'aujourd'hui, c'est ma propre instabilité que je vais tenter de guérir. 


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  • Chapitre 15

     Alors que la nuit était encore reine du ciel et de la terre, Jean René me donna rendez vous sur le pont pour discuter. Surprise, je ne perdis un instant et, encore en petite tenue, je l'y retrouvais, lui même dans son soyeux peignoir rouge. J'espérais qu'il m'annonce un miracle. 

    Je m'étais bien trompée. Il m'annonça le plus simplement du monde: 

    - Je te quitte. 

    Je crus ne pas avoir bien entendu, j’espérais n'avoir pas bien compris. Aussi demandais-je: 

    - Que veux tu dire? 

    - C'est fini entre nous, Haepali. J'aurais dû le faire bien avant. Il y a toujours eu une tension sexuelle entre Azurie et moi, à l'instant même où nous nous sommes retrouvés face à face pour la première fois. Je pensais qu'elle jouait avec mon cœur mais maintenant que je sais qu'elle veut que je sois le père de son enfant, je me rends compte que.. 

    - Elle te manipule et tu le sais très.. 

    - Je n'ai pas besoin de tes conseils! trancha-t-il avec colère. Je sais qu'être enceinte est la seule manière qu'elle a de survivre à cette maladie! Je n'ai pas besoin qu'une gamine me le dise. Tu as toujours fait la sourde oreille à mes propositions, à mes désirs, tu m'étouffes, tu me noies sous tes paroles. Et blablabla. Et blablabla.

    J'ai arrêté d'écouter à ce moment là, parce qu'il a continué et continué à tout me reprocher, même juste de tenter de sauver ma sœur. Et puis nous nous en sommes allés chacun de notre côté. 

    Chapitre 15

    J'étais dévastée mais les choses étaient désormais plus simples. Je n'avais plus à me soucier de Jean René, ni de la maladie de ma sœur. Pour la première fois depuis que j'avais posé le pied sur le bateau, je pouvais me permettre de faire ce qui me plaisait sans le moindre remord. 

    Ma passion étant la vinification, j'avais dors et déjà tout préparé dans la cave pour m'épanouir dans ce domaine. Je n'aurais jamais pu le faire si Jean René n'avait pas décidé de coucher avec ma sœur, c'était de loin la meilleure chose qui m'était arrivé depuis le départ. 

    Je passa un moment à écraser du fruit venant tout droit du jardin du toit avant de retourner me coucher, exténuée. 

    Chapitre 15

    Je fus réveillée quelques heures plus tard à peine par la mort elles même. 

    Jean-René s'était noyé.

    Je restais sans voix à la vue du corps sans vie de mon ex-petit copain. Il était encore en pyjama, il n'avait même pas quitté ses chaussons et on voulait me faire croire qu'il s'était noyé? Jean René avait d'ailleurs toute sa vie était sur un bateau, qu'il se noie n'avait aucun sens. 

    Chapitre 15

    Une fois le corps pris en charge par la mort, seules restaient sur le pont moi et Azurie. Nos pleurs résonnant ensemble à la même tragique nouvelle. 

    La seule personne qui aurait dû pouvoir mourir sur ce navire était moi. J'avais toujours été fragile, toujours été dans mes bouquins, quand Azurie, Odraz et Jean-René se battaient quotidiennement, étaient dans l'action et avaient une grande force de vivre. 

    Pourtant, Azurie était proche de la mort, on savait qu'elle ne passerait pas son prochain anniversaire et voilà que Jean René était mort, noyé dans des circonstances pour le moins suspecte. 

    Azurie ne pleura pas bien longtemps. Bientôt, elle s'approcha de moi. 

    Chapitre 15

    Elle me gifla avant de partir en courant, pleurant de plus belle. 

     

    Chapitre 15

    Plutôt que de me morfondre, je décidais d'aller chercher une bouteille du crue de ce matin. Certes, il n'avait pas encore fermentée mais j'étais persuadée que boire un peu remonterait le moral de ma sœur. Cela marcha plutôt bien et je réussie pour la première fois depuis bien longtemps à avoir une discussion avec elle. 

    Elle était convaincue que j'étais responsable de la mort de Jean-René. Je ne pouvais lui en vouloir. Avec lassitude, elle m'assura ne pas vouloir se venger. 

    Malgré tout, j'avais cette boule dans l'estomac, ce mauvais présentiment que ce n'était que le début de notre malheur. 

    Chapitre 15

     

    Azurie ne semblait plus si concernée après notre discussion. Elle abandonnait les aventures, arrêterait de se montrer si courageuse pour un rien et mettrait toute son énergie à concevoir quelque chose qui m'obligera à ne jamais l'oublier. Même si elle devait mourir de cette maladie, elle ne voulait pas être dans l'oubli. 


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  • 16.

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     Comprenant ce que pouvait ressentir ma sœur, je décidais de m'occuper de ses tâches. Je jardinerais aujourd'hui et aussi longtemps se sentira-t-elle mal. Je ne veux plus me mentir. Des gens ayant fait des études mettent des dizaines d'années, pour concevoir un remède en ayant un certain budget, la capacité de rechercher et de tester. 

    Toute seule sur ce bateau, il n'y a aucune chance pour que je trouve un remède. Ma sœur ne restera pas en vie très longtemps, c'est le moment ou jamais de bâtir des souvenirs avec elle, de la photographier, de la câliner tant que je le peux encore. Demain, ce sera peut être trop tard. 

    Je veux garder une image positive d'elle, la chérire. 

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    Pendant ce temps, Azurie semblait continuer de s'épanouir dans la peinture. Elle avait commencé du jour au lendemain mais cela semblait bien marcher pour elle, je ne pouvais que l'encourager à continuer dans cette voie. C'est donc en sous vêtements qu'elle commençait le matin alors que je m'occupais du jardin. 

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     Son dessin fini, elle observa la mer un moment, réfléchissant sûrement à sa situation ou espérant appercevoir du haut du gouvernail une île se dessiner, le moindre espoir revenir. 

    Mais bien sûr, ça n'arriva pas et, déçue, elle descendit se baigner un moment dans la mer.  

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    Du jardin, je la voyais tristement faire des ronds derrière le bateau. 

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    Sans hésiter, ma tâche juste accomplie, je décidais de la rejoindre dans l'eau.

    Au début, c'était le silence, nous n'osions nous regarder. C'était la première fois que je nageais depuis notre arrivée sur le bateau. J'étais quelque peu effrayée, je n'étais pas une grande nageuse et avait toujours une certaine peur de l'eau. Mais si c'était pour rejoindre ma sœur, j'aurais nager des chutes à contre courant juste pour lui demander comme elle allait. El c'est d'ailleurs ce que je fis: 

    - Comment vas tu, Azurie? Tu tiens le coup? 

    Elle releva la tête et, a moment où nos regards se croisèrent, le monde sembla se transformer.

    16.

     *clic* 

    Le bruit d'un appareil prenant une photo se fait entendre. Je découvre un homme et une femme proche d'une barrière. Ils sont à une certaine distance l'un de l'autre, l'homme porte une tenue très banale alors que la femme porte des vêtements très originaux.

    En arrière plan, une femme se baigne. Il semble qu'elle soit loin de tout mais peut être y a-t-il une plage à un angle mort.  

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    Nous ne tardions pas à sortir de l'eau, Azurie semble pâle. Nous nous posons sur les transat et elle me raconte ce qu'elle a vu. Nous avons donc eu la même vison à ce moment là. 

    Elle me demande, presque paniquée: 

    - Pourquoi avons nous eu cette vision? 

    - Un homme qui prend une photo souvenir d'une femme aléatoire se baignant à 500 mètre de la rive... 

    Elle me coupa fermement: 

    - J'ai pas l'impression qu'ils étaient sur la rive. Et je n'ai pas l'impression non plus qu'il y ait eu une plage à proximité. 

    En effet, il y avait quelque chose de très louche avec cette vision. J'acquissais, ne trouvant rien à redire sur son jugement. Il n'était de toute façon pas temps pour se débattre avec elle d'une stupide vision qui, pour tout ce que j'en sais, pourrait juste être une hallucination collective causée par un truc dans l'eau. 

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    Nous finîmes la soirée en jouant à deux aux dominos. 

    Je laissa Azurie gagner mais non sans lui donner l'illusion de me battre. Je veux que ses derniers jours soient les meilleurs de sa vie. Notre anniversaire arrive à grand pas. 


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