• 17.

    Le réveil est difficile aujourd'hui, plus encore que d'habitude. Dans ma tête, j'entends le temps qui court, qui file. A-t-il besoin d'aller si vite, de filer sans jamais regarder en arrière? En a-t-il vraiment besoin? Ne peut il pas s'arrêter ne serait ce qu'une petite journée? Nous laisser le temps de nous reposer avant de nous jeter une nouvelle tragédie. 

    Seule dans ma chambre, ce matin, les larmes ne cessent de couler sur mes joues, de courir sur mes jours. Mes yeux me font mal, mon cœur me fait mal, ma tête me fait mal et pourtant je ne peux me recoucher, je ne peux me laisser abattre. 

    17.

    Ce matin, Azurie ne quitte pas le télescope, espérant apercevoir au loin le moindre espoir, le moindre signe d'une civilisation. Mais il n'y a rien, pas la moindre trace de civilisation, pas la moindre trace d'une île, d'un îlot, d'une terre sur laquelle se poser. 

    J'aimerais tant pouvoir l'aider à aller mieux mais moi même ne suit pas dans l'état de réconforter qui que ce soit, c'est donc tristement que je monte vers le jardin pour m'en occuper. 

    17.

    Derrière moi, j'entends la voix d'Odraz. C'est bien qu'elle ne soit pas toute seule, je sais combien la présence d'Odraz peut être rassurant pour elle. Depuis son retour de l'internat, les deux sont basiquement tout le temps ensemble, c'est proche du miracle si j'ai pu passer deux jours avec elle, seulement. 

    17.

    Je ne pourrait pas la rassurer aussi bien qu'Odraz le fait, je ne pourrais pas la divertir en ces temps difficiles, pas plus que je ne pourrais lui faire penser à autre chose. 

    Et Odraz le fait, il arrive lui faire penser à autre chose. Il arrive à lui faire passer du bon temps alors que l'échéance est si proche. Il arrive à se montrer optimiste et rassurant. Il doit être aussi brisé intérieurement que je le suis et c'est pourquoi nous ne pouvons être dans la même pièce sans nous chamailler. Et pourtant devant Azurie, il fait comme si de rien était. Il ne la traite pas comme un patient en phase terminal mais comme sa petite sœur. 

    Je l'envie. 

    17.

    Il n'est pas le seul à être capable de faire abstraction de son état pour lui faire passer des derniers moments de qualité mais il est certainement le plus proche d'Azurie et il est le direct responsable de son état. 

    Je ne peux imaginer le poids que ça pèse sur ses épaules. Probablement le même poids qui me donne envie de retourner rechercher ce que je sais être une utopie. 

    17.

    17.

    Alors je m'active sur le bateau, je m'occupe du jardin, du ménage, des réparations. Le moindre moment d'inactivité, je me sens seule avec moi même. Et moi même n'est pas du genre à complimenté le gâteau avant d'attaquer la pâtissière.  

    17.

    Nous n'avons plus de courant depuis le matin. C'est une horreur de se balader dans la cale tellement il fait noir. Seule Diane semble bien s'y plaire, on la voit encore moins que d'habitude. Azurie était dedans lorsque le courant a définitivement disparu, elle rechigne à y retourner. 

    17.

    Odraz passera donc la journée à pêcher. Le reste de nos provisions n'a pas une bonne tête et on ne peut pas vraiment se permettre d'avoir des malades à bord. 

    17.

    Azurie, elle, a continué à changé le bateau en œuvre d'art. Avec sa bombe à peinture, elle a méticuleusement continué à s'exprimer sur les sols et murs de notre résidence flottante. 

    17.

    Ce soir, nous mangerons donc du poisson tous ensemble. Diane nous a même rejoint, nous signalant tout de même que ça ne la rassasiait pas. 

    Le sang se perd très vite, il en reste encore dans une petite glacière mais d'ici quelques jours, nous aurons une vampire assoiffée sur le dos. Elle même n'a pas idée de ce qui se passera lorsque ça arrivera. Peut être devrons nous la laisser boire notre sang. 

    17.

    Et bien sûr, comme toujours, le calme n'a duré qu'un temps et alors qu'Azurie et Nocturna retournaient à la cale, Odraz me prit à part pour me reprocher encore et toujours mon inaction. C'était blessant, ça me révoltait mais je me contenta de prendre sur moi, de ne pas lui répondre. 

    Ses insultes me blessaient davantage encore que ce que mes pensées ne pouvaient le faire. Je comprenais son point de vue, c'était le pire. Je savais ce qu'il ressentait,. Cette haine qu'il avait pour moi, j'avais la même.

    Alors je ne pouvais que me taire, qu'accepter ses insultes, ses abus. 

    Abandonner, laisser Azurie s'en aller était une étape nécessaire mais douloureuse. Pour moi comme pour lui. Le pourrait il seulement, cela dit? 


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  • 18.

    18.

    Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque je me réveilla ce matin là. Les yeux encore fatigués, l'estomac dans les talons, je me dirigeais machinalement vers la cuisine, oubliant même qu'elle était inutilisable désormais. 

    C'est alors que je tomba sur Odraz. Dos à moi, les épaules voûtés. Mon estomac parla pour moi et aussi crus-je d'abord qu'il avait vu quelque chose dans l'eau. Je m'exclama:

    - As tu repéré notre prochain repas? 

    18.

    Il se retourna et je me figea aussitôt. Dans ses yeux, je ne pouvais observer que la colère. Il m'observaIT intensément. Il me haïssait, ce n'était pas un secret mais malgré tout, il ne m'avait jamais porté un tel regard. J'en venais à vouloir disparaître, à vouloir fuir mais mes jambes semblaient gelées. Je voulais détourner le regard, je voulais réduire l’agression qu'il ressentait à mon égare mais j'étais figée, immobilisée par la peur. 

    Même ma voix semblait s'être tue. Je n'arrivais même pas à bafouiller les excuses que je voulais lui présenter. 

    18.

    Sans qu'il ne dise rien, il se jeta tel un animal sur moi. Cela me sembla si rapide que je ne réagis pas. Je me retrouva vite à terre, me prenant des coups sans même en comprendre la raison. Il était devenu fou. 

    Je tenta de protéger mon visage, de retenir ses coups. Je n'arrivais pas à penser, je n'arrivais pas à lui dire d'arrêter, je ne savais quoi lui dire pour l'arrêter de toute façon. 

    Et lui frappait. Il me cogner de toutes ses forces. Je ressentais de la douleur à chaque coup de poing, je pleurais mais rien n'y changeait. Ses coups ne faiblissaient pas. 

    Et alors que je sombrais dans l'inconscience, je compris. 

    18.

    Je n'ai jamais eu les meilleurs relation avec Midnight Kahn, avec ma mère. Elle était muette et en état de choc la plus grande partie de sa vie. Seulement lorsque nous sommes devenus adolescent a-t-elle commencé à aller mieux. Elle restait relativement froide avec nous. Je l'ai particulièrement ressentie. Je ne l'aimais pas et elle était loin de se battre pour que cela change. 

    Elle est morte peu après que je sois devenue adolescente, alors que nous étions toujours sur l'île. Une mort tragique dans des circonstances douteuse, d'après beaucoup. 

    Je n'ai rien ressenti. Je m'en fichais qu'elle soit morte. Je m'en fiche toujours. J'ai fait ce que j'ai pu pour que ma sœurs et mes cousins aillent mieux, sortent du deuil, mais je ne l'ai moi même pas regrettée. 

    18.

     J'avais énormément de point commun avec Moïse. Nous étions discret, quelque peu studieux. Il était souvent songeur, avait l'air d'aimer sa solitude et aussi ai je eu peu de contact avec lui. 

    Il est peu probable qu'il est survécu. Nous avons pris le bateau sans lui. Pour notre défense, il était introuvable et ne répondait pas à nos appels. Nous l'avons donc abandonner à son sort. J'ai du prendre la décision et, vu la fureur des habitants, les chances pour qu'il ait survécu sont minces. 

    Sa disparition ne m'a pas plus affecté que ça. J'avais tant d'autres choses à penser que j'ai presque oublié la situation dans laquelle je l'ai laissé. Un autre mort que je n'ai pas pleuré. 

    18.

    Le voyage aura également coûté la vie de mon fiancé. 

    C'était un homme intelligent, un navigateur, un financier. Il aimait travailler et ne supportait pas de 

    Bien qu'il eut rompu notre alliance juste avant sa mort, j'ai été légitimement peinée par cette perte. Jean-René était un homme bien. Je l'ai pleuré, beaucoup. Il était mon seul espoir pour sauver Azurie. Il en avait pleinement accepté la tâche. 

    Sa mort m'a donné beaucoup de désespoir mais cela m'a permis de reprendre contact avec Azurie. Notre douleur nous a rassemblées. J'y ai gagné, j'ai toujours gagné à la disparition des autres. 

    18.

    Et donc Azurie nous a également quitté. Un corps de plus dans la marre de cadavres qui m'entoure. 

    Oui, pour tout ça, je mérite la mort que va m'offrir Odraz. C'était donc la fin.. 

    18.

    Ou du moins, était-ce ce que je pensais. Le destin nous réserve parfois des surprises. 


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  • Haepali Snowball est désormais une jeune adulte, prête à prendre ses responsabilités d'héritière. Haepali était une enfant spéciale. Elle a été élevé par sa tante, Nocturne, et son père abusif. Sa mère, Midnight Snowball, était à peine consciente, choquée par des événements de son passé. La famille a dû fuir sur le bateau de son petit ami, Jean-René. La croisière fut un désastre et un par un les membres de la famille disparurent, entraînant des conflits entre Haepali et son cousin Odraz. 

    Désormais, Haepali est seule. Elle va devoir s'endurcir et prouver qu'elle mérite son titre d'héritière. 


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