• 12.?

    Hier soir, Azurie a cassé notre unique moyen de communiquer avec l'extérieur, notre radio. Normalement, la radio n'est pas mon problème, Jean René en est responsable, comme de tout ce qui concerne la navigation. Souvent je l'aide avec le gouvernail mais c'est basiquement l'unique personne à réellement diriger le bateau, à savoir où il se dirige. 

    Et le soucis que nous avons, d'où l'intérêt de cette radio dans notre navigation, c'est que nous sommes totalement perdu. Donc toutes les heures, on peut entendre Jean-René dévaler les escaliers pour tenter de capter le moindre garde poste, histoire d'être au courant si on commence à approcher la terre. 

    Cependant hier soir, Jean René a surpris Azurie près de la radio et, lorsqu'il a tenté de la démarrer, elle semblait ne plus fonctionner. Jean-René est loin d'être un homme très manuel donc si c'est cassé, on risque de perdre notre moyen le plus sûr pour retrouver la civilisation. 

    Cela étant, ce n'est pas la première pièce d’électronique qui pose problème. Notre PC a disparu au milieu de la nuit et je commence à la suspecter. Pourtant, je ne devrais pas. Je ne comprends pas pourquoi elle détruirait ce qui nous permettrait de rejoindre la civilisation. C'est probablement sa plus probable chance d'être débarrasser de sa malédiction. 

    12.?

     Encore aujourd'hui, j'ai passé ma journée à travailler sur un remède à la "malédiction" d'Azurie. Je dois l'avouer, j'étais furieuse contre elle et contre moi même pour travailler si dur pour sauver une personne tentant de saborder notre voyage et de saborder ses propres chances de survie par la même occasion. 

    Je n'aurais pas cru lorsque nous avions pris la mer que la situation se dégraderait si vite entre nous. 

    12.?

    Tout le monde sur le navire était au courant que si quoi que ce soit d'anormal arrivait Azurie, il fallait prévenir Diane ou à défaut me prévenir. Diane semble passer ses journées à dormir et aussi alternons nous la garde de notre malade. 

    Aussi, c'est avec fracas que je descendis la voir lorsqu'Odraz me prévint qu'elle avait vomi. J'avais peur que quelque chose de vraiment terrible lui arrive. On ne sait rien de la 'malédiction' qu'elle a chopé en Egypte, si ce n'est que ça n'a pas l'air facilement transmissible, ce qui est une chance compte tenu de notre situation. Aussi, si son cas venait à s'aggraver, je ne sais pas quelles seraient nos options. 

    12.?

    Aussi eus je donc l'occasion de discuter un peu avec elle. Elle m'expliqua ses symptômes mais j'eus du mal à discerner si c'était dû à la malédiction ou si c'était plutôt dû à un simple mal de mer. Après tout, nous avions tous déjà ressenti un peu ces mêmes symptômes depuis que nous étions sur le navire. Je le sais bien, le reste de l'équipage m'a pris pour l'infirmerie, sauf que nous avons très peu d'équipement médical et de médicament et que pour le moment ils sont réservés à la guérison d'Azurie. 

    Dans le doute, je lui donnerais tout de même quelque chose contre ses maux de ventre avant de partir me reposer un moment. Durant ce court moment où j'étais allongée, je ne cessa de penser au fait que je n'avais osé aborder le sujet de la radio cassé ou du pc disparu. Comment pourrais je seulement confronter ma sœur? On est sur ce bateau ensemble, je ne veux pas que notre voyage tourne à la confrontation ou la discorde..  

    12.?

    Ce soir là, le bateau était à l'arrêt. Jean-René avait ordonné que nous nous tenions tranquille et que nous ne touchions plus ni au bateau ni à ses instruments pour la soirée. Je ne doute pas qu'il était encore très énervé à propos des actions d'Azurie et j'espérais qu'elle n'en avait ajouté dans la journée. 

    Aussi décidions nous de jouer aux dominos, juste à côté de son bureau. Il lui suffirait de tourner la tête pour voir que nous n'étions pas loin et surtout tranquilles. La partie semblait bien se dérouler mais fut interrompue par Odraz se levant. 

    12.?

    C'était en effet son anniversaire aujourd'hui. Le temps sur le bateau avait une drôle de façon de s'exercer et je pense qu'Odraz lui même fut surpris de l'arrivée soudaine de son anniversaire. La seule qui semblait être au courant était Diane, puisque c'est pile à ce moment qu'elle sortit de la cale pour le fêter. 

    Etant donnée que ma tante est une vampire, Diane passe le plus clair de son temps dans la cale pour ne pas brûler au soleil. J'ai peur que l'isolement la rende cinglée mais elle ne semble pour le moment pas n'en avoir de symptômes. Je reste néanmoins prudente et passe la voir parfois en journée pour discuter avec elle et les jours où je ne pense pas ou ne peux pas la voir, je suis rassurée de savoir qu'elle a écrit de toute façon dans son journal la façon dont s'est déroulé sa journée ou du moins autant qu'elle veut m'en dévoiler. Je sais que Diane a tendance à être.. créative dans sa façon de raconter ce qui se passe dans sa vie mais au moins ça lui permet de garder un peu les pieds sur terre. 

    12.?

    L'anniversaire d'Odraz fut un choc pour moi. D'entre tous les fringues que j'avais pu prendre sur le bateau dans le cas ou quelqu'un fêterait son anniversaire ou ne rentrerait plus dans ses vêtements, je n'avais pas pris de peignoir. Terrible erreur puisqu'Odraz ne jure que par les peignoir qu'il trouve confortable et qui lui permette de se dévêtir ou revêtir rapidement au moment de se coucher... 

    Comment je sais tout cela? Parce qu'il me l'a raconté pour justifier de se balader en caleçon toute la journée. Ca aurait été bien que je le sache avant que nous partions, ça éviterait toute... tentation. 

    12.?

     Jean-René a tout de suite vu la façon dont je regardais Odraz et l'a très mal pris. Il n'est pas des plus communicatif mais j'ai tout de suite su qu'il m'en voulait. Après m'avoir lancé un regard noir, il était parti à la cuisine manger de la salade. Seul, dans son coin. 

    Ca me brise le cœur de le voir comme ça alors qu'il connait mes sentiments. Il a tout quitter pour moi. Sa famille n'a jamais vraiment eu de soucis sur l'île, ils sont ancestraux sur l'île quand nous arrivions une vingtaine d'année auparavant. Il aurait hérité d'une belle somme et se serait probablement marié à une femme bien différente de moi, venant elle aussi de l'île. 

    Et, nous, nous serions échoués sans lui. J'étais la seule à savoir m'occuper d'un navire et pas assez bien pour l'emmener aussi loin qu'il nous a emmené. Et ça, c'est même sans compter la condition d'Azurie qui aurait divisé le navire. 

    Je lui fait entièrement confiance, j'ai confié entre ses mains ma vie sans la moindre hésitation et souvent j'aimerais que la chose soit réciproque. 


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  • 13.? 

    Ce matin, Diane nous a tous réunis dans le bateau. Avec Odraz devenu adulte, il était temps qu'elle nous révèle son plus grand secret, qu'elle nous parle de cette fameuse nuit qui a vu périr Emma, Jaden et Eris, qui a blessé à vie Midnight et a fait naître Moïse. 

    Diane: J'ai passé toute ma vie dans une boîte, une cage. En totale isolation. Tout ce que je pouvais voir, c'était ces murs. Tout ce que je pouvais sentir, c'était cet air renfermé et tiède. Parfois, j'apercevais un homme derrière la vitre, sa silhouette, son visage était flou. Je doute même qu'il n'ait su que je pouvais l'entrapercevoir puisqu'il ne faisait pas attention à moi. Tout ce dont j'étais certaine à son propos, venait de l'odeur qu'il laissait lorsqu'il nettoyait ma cage. 

    Elle marqua une pause, soudainement cherchant de l'approbation dans nos regards. Avait elle peur que nous lui en voulions de nous dire la vérité? C'était la première fois qu'elle me semblait si fragile. Après un moment, elle reprit. 

    Diane: Une nuit, distrait, il ferma mal la porte de ma cage, oubliant de la verrouiller. A sa seule vue, je n'étais déjà plus moi même. Je suis louve avant d'être humaine. J'ai donc instinctivement suivi l'odeur.

    Elle marqua une nouvelle pause, nous regardant à nouveau dans les yeux. Je ne pu décrypter pas son regard. Elle reprit en regardant Azurie dans les yeux, essayant de paraître sûre d'elle, bien que son corps tout entier semblait trembler. 

    Diane: De la suite, je ne me souviens que d'une vision.

    13.?

     Diane: Deux jeunes femmes dans un marécage. L'une semblait encore adolescente, était vêtue d'un T-Shirt décoloré et d'une salopette, ses cheveux étaient en bataille et ses pieds étaient nus. L'autre, plus âgée, était vêtue de façon plus chic dans une robe bittersweet, ses cheveux étaient coiffées, relevés en une courte queue de cheval. Son visage était maquillé. Elle avait l'air en colère.

    13.?

     Après que Diane ait fini de nous raconter ses souvenirs de la nuit, je rentrais directement au labo. Si les souvenirs de Diane avait été peu factuel et sûrement très malhonnête, sa vision m'avait ouvert les yeux sur quelque chose. Depuis son retour de l'internat, je m'étais énormément éloignée d'Azurie et, si je ne voulais pas la quitter 'comme ça', je n'aurais pas d'autre choix que de la sauver, c'est avec une plus grande détermination encore que je reprenais mes recherches. 

    Dans la soirée, j'entendis Azurie et Odraz s'engueuler de l'autre côté du mur. N'arrivant plus à me concentrer, je décidais d'écouter. Une parole me choqua aussitôt, si bien que j'en oublia même le sujet de leur dispute.

    Odraz se vengerait. Si Azurie venait à mourir de la malédiction, il se vengerait. Odraz se vengerait. Il se vengerait.

    Odraz se vengerait. 

    Odraz me tuera.


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  • 14.

    Les hommes s'occupent toujours de l'entretien du bateau. Depuis que son matériel de localisation a été bousillé, Jean René refuse catégoriquement de s'occuper de la navigation. Il dit que laisser faire le vent est aussi efficace qu'il ne l'est désormais. Tenter de le convaincre du contraire ne m'a amenée qu'à m'embrouiller avec lui. 

    Aussi, puisqu'Odraz s'occupe désormais de la navigation, Jean René a pris la place de mon cousin au niveau des tâches ménagères, il nettoie, récure et même répare toute la journée. Odraz ne s'occupe plus que des repas, qu'il dit prendre plaisir à faire.

    Il est donc régulier qu'ils se voient avant les repas et discutent. 

    C'est dangereux de les laisser discuter et je ne m'en suis pas rendue compte avant aujourd'hui. 

    14.

    C'est ainsi que lorsque je suis descendu manger, je vis mon aimé charmé par les paroles pleines de désir de ma sœur. Je ne compris pas tout de suite ce qui se passait devant mes yeux. Moi qui faisait confiance à Jean René au point de lui confier ma vie me retrouvait déçue et n'arrivait plus dans cette confirguration à faire autre chose qu'à me tripoter avec stresse les cheveux. 

    14.

    Bien que je sois silencieuse, observant avec dégoût ma sœurs et mon fiancé flirtant, Odraz ne mit pas longtemps à se rendre compte de ma présence. Il me chuchote avec reproche: 

    - Ne les perturbe pas! 

    Je tremble de rage mais reste comme lui dans le murmure: 

    - Pourquoi Jean René et Azurie... 

    - Azurie doit tomber enceinte, c'est le seul moyen pour qu'elle ne meurt pas de sa maladie et tu le sais. 

    - Ca n'est qu'une légende urbaine! m'indignais je. 

    - C'est notre seule piste! 

    - Nos ressources commencent à s'épuiser, nous n'avons pas les moyens d'avoir un bébé en plus. 

    - Et bien si nous te jetons par dessus bord, nous aurons une portion pour le bébé. 

    Je suis horrifiée et fuis vers mon laboratoire. Comment peut il dire si facilement des choses aussi horribles ? 

    14.

    J'ai passé la soirée à pleurer, choquée par les propos d'Odraz. Celui vint plusieurs fois à la porte pour s'excuser, prétendant avoir parlé trop vite et être lui même horrifié de ses propos mais il n'est jamais resté assez longtemps pour s'expliquer. 

    14.

    Ce soir, je n'ai pas envie de chercher un remède à Azurie. Qu'elle fasse son bébé avec mon fiancé si ça la chante. J'ai essayé de les aider constamment depuis des jours et aujourd'hui ils me poignardent dans le dos..  

    A partir d'aujourd'hui, c'est ma propre instabilité que je vais tenter de guérir. 


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