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    Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque je me réveilla ce matin là. Les yeux encore fatigués, l'estomac dans les talons, je me dirigeais machinalement vers la cuisine, oubliant même qu'elle était inutilisable désormais. 

    C'est alors que je tomba sur Odraz. Dos à moi, les épaules voûtés. Mon estomac parla pour moi et aussi crus-je d'abord qu'il avait vu quelque chose dans l'eau. Je m'exclama:

    - As tu repéré notre prochain repas? 

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    Il se retourna et je me figea aussitôt. Dans ses yeux, je ne pouvais observer que la colère. Il m'observaIT intensément. Il me haïssait, ce n'était pas un secret mais malgré tout, il ne m'avait jamais porté un tel regard. J'en venais à vouloir disparaître, à vouloir fuir mais mes jambes semblaient gelées. Je voulais détourner le regard, je voulais réduire l’agression qu'il ressentait à mon égare mais j'étais figée, immobilisée par la peur. 

    Même ma voix semblait s'être tue. Je n'arrivais même pas à bafouiller les excuses que je voulais lui présenter. 

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    Sans qu'il ne dise rien, il se jeta tel un animal sur moi. Cela me sembla si rapide que je ne réagis pas. Je me retrouva vite à terre, me prenant des coups sans même en comprendre la raison. Il était devenu fou. 

    Je tenta de protéger mon visage, de retenir ses coups. Je n'arrivais pas à penser, je n'arrivais pas à lui dire d'arrêter, je ne savais quoi lui dire pour l'arrêter de toute façon. 

    Et lui frappait. Il me cogner de toutes ses forces. Je ressentais de la douleur à chaque coup de poing, je pleurais mais rien n'y changeait. Ses coups ne faiblissaient pas. 

    Et alors que je sombrais dans l'inconscience, je compris. 

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    Je n'ai jamais eu les meilleurs relation avec Midnight Kahn, avec ma mère. Elle était muette et en état de choc la plus grande partie de sa vie. Seulement lorsque nous sommes devenus adolescent a-t-elle commencé à aller mieux. Elle restait relativement froide avec nous. Je l'ai particulièrement ressentie. Je ne l'aimais pas et elle était loin de se battre pour que cela change. 

    Elle est morte peu après que je sois devenue adolescente, alors que nous étions toujours sur l'île. Une mort tragique dans des circonstances douteuse, d'après beaucoup. 

    Je n'ai rien ressenti. Je m'en fichais qu'elle soit morte. Je m'en fiche toujours. J'ai fait ce que j'ai pu pour que ma sœurs et mes cousins aillent mieux, sortent du deuil, mais je ne l'ai moi même pas regrettée. 

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     J'avais énormément de point commun avec Moïse. Nous étions discret, quelque peu studieux. Il était souvent songeur, avait l'air d'aimer sa solitude et aussi ai je eu peu de contact avec lui. 

    Il est peu probable qu'il est survécu. Nous avons pris le bateau sans lui. Pour notre défense, il était introuvable et ne répondait pas à nos appels. Nous l'avons donc abandonner à son sort. J'ai du prendre la décision et, vu la fureur des habitants, les chances pour qu'il ait survécu sont minces. 

    Sa disparition ne m'a pas plus affecté que ça. J'avais tant d'autres choses à penser que j'ai presque oublié la situation dans laquelle je l'ai laissé. Un autre mort que je n'ai pas pleuré. 

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    Le voyage aura également coûté la vie de mon fiancé. 

    C'était un homme intelligent, un navigateur, un financier. Il aimait travailler et ne supportait pas de 

    Bien qu'il eut rompu notre alliance juste avant sa mort, j'ai été légitimement peinée par cette perte. Jean-René était un homme bien. Je l'ai pleuré, beaucoup. Il était mon seul espoir pour sauver Azurie. Il en avait pleinement accepté la tâche. 

    Sa mort m'a donné beaucoup de désespoir mais cela m'a permis de reprendre contact avec Azurie. Notre douleur nous a rassemblées. J'y ai gagné, j'ai toujours gagné à la disparition des autres. 

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    Et donc Azurie nous a également quitté. Un corps de plus dans la marre de cadavres qui m'entoure. 

    Oui, pour tout ça, je mérite la mort que va m'offrir Odraz. C'était donc la fin.. 

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    Ou du moins, était-ce ce que je pensais. Le destin nous réserve parfois des surprises. 

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